vendredi 1 février 2008

Quand les gesticulations médiatiques de Nicolas Sarkozy provoquent un manque à gagner de 1,3 Milliard d'Euros pour les Universités

C'est le site Arrets sur images de Daniel Schneidermann qui met en relief cette information passée sous silence par la plupart des médias de masse, information pourtant relayée par une dépêche AFP.

Lors de son interview télévisée du 29 novembre dernier, Nicolas Sarkozy annonce la vente de 5 milliards d'euros d'actions EDF "pour faire un plan d'investissement de 5 milliards dans nos universités".

Une intention louable, si ce n'est que dans son empressement frénétique à mettre en avant son action, Nicolas Sarkozy omet de prévenir préalablement la principale intéressée, Christine Lagarde ministre de l'économie et des finances, qui apprend l'information le jeudi soir par la télévision en même temps que les Français.

Résultat, il faudra 4 jours à l'Etat pour organiser la vente des actions, et les fonds spéculatifs, qui anticipent la baisse du cours liée à l'arrivée massive d'actions de l'Etat sur le marché provoquant un déséquilibre entre l'offre et la demande, vendent en masse. Entre l'intention et l'action, le cours d'EDF aura chuté de 3,03%, soit 4,74 milliards d'euros (alors que le même jour le CAC 40 gagnait 1,29%).

Le lundi, l'Etat propose aux investisseurs de racheter entre 2,5% et 3,7% du capital. Il n'en vendra que le minimum prévu, pour environ 3,7 milliards d'euros, un montant assez loin des 5 milliards d'euros pour les universités annoncés au départ par Nicolas Sarkozy sur TF1 et France 2, soit un manque à gagner de 1,3 Milliard d'Euros par rapport aux montants annoncés.

On devra toutefois modérer ce tableau en considérant qu'il ne s'agit pas ici d'une perte nette de 1,3 Milliards d'Euros comme le laisse penser l'article une peu sommaire d'Arrets sur images, mais plutôt d'un manque à gagner, puisque l'Etat garde toujours dans son portefeuille les actions qu'il n'a pas vendues. La perte réelle liée à la chute du cours sur le montant des actions effectivement vendues n'est que de 110 Millions d'Euros, on est tout de suite rassurés.

Une question importante reste en suspens : l'Etat va-t-il compléter les 1,3 Milliards manquants par rapport aux montants annoncés pour les universités Françaises, ou va-t-il en rester là (et tant pis pour l'inexactitude de l'annonce, de toutes façons qui remarquera) ?

Lors d'un autre évènement récent, le scandale du trader qui aurait fait perdre 5 milliards à la Société Générale, son président Daniel Bouton, avait annoncé : « Le conseil d’administration m’a demandé de rester. Bien entendu, ma proposition de démission est sur la table, le conseil d’administration décidera de l’exercer quand il le veut ».
Nicolas Sarkozy était alors intervenu dans les médias en commentant ainsi le sujet : « Une crise comme celle-là ne peut pas rester sans conséquences s’agissant des responsabilités, y compris au plus haut niveau. Je n’aime pas porter de jugement personnel sur les gens, surtout quand ils sont dans la difficulté, mais on est dans un système où, quand on a une forte rémunération qui est sans doute légitime, et qu’il y a un fort problème, on ne peut pas s’exonérer des responsabilités ».

En tant que petit actionnaire de la société France, considérant la gravité de la faute, considérant que Mr Sarkozy aime à dire que ses paroles se traduisent par des actes, et considérant sa forte rémunération, je serais fort enclin à accepter sa démission s'il venait à la proposer.

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